Le changement climatique est l’un des plus grands défis sociaux du 21ème siècle. La principale cause du réchauffement global est l’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère terrestre. Les deux plus importantes espèces influencées par l’activité humaine sont le dioxyde de carbone (CO2) et le méthane (CH4). Mais au-delà des activités humaines, ce sont aussi les grandes sources naturelles qui importent, telles que les zones humides étendues dans l’Arctique et les régions boréales. La végétation des zones humides absorbe et stocke le carbone et sa décomposition libère du CO2 et du CH4. Ces processus placent les zones humides parmi les sources (qui émettent) et puits (qui absorbent) les plus importants dans le budget global du méthane et du dioxyde de carbone, mais aussi parmi les plus mal compris. La connaissance de ces processus, de leur ampleur par rapport aux émissions causées par l’homme, et aussi des mécanismes de rétroaction n’a pas atteint un niveau suffisant pour répondre aux besoins de la science et des décideurs politiques quant à la prédiction et la mitigation du réchauffement climatique.
De ce fait, il est nécessaire de mesurer les concentrations des gaz à effet de serre dans l’atmosphère pour en déduire les émissions. Dans le cadre de la mission « CoMet 2.0 Arctic », nous avons l’intention de faire cela en effectuant des recherches avec un avion spécial, équipé d’un ensemble d’instruments sophistiqués de télédétection et de mesure in-situ pour détecter les gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
La mission « CoMet 2.0 Arctic » est un programme de recherche international dirigé par le Centre aérospatial allemand (Deutsches Zentrum für Luft- und Raumfahrt – DLR), une agence gouvernementale allemande, qui fera usage de l’avion de recherche allemand HALO (High Altitude and LOng range research aircraft), un avion d’affaires Gulfstream G550 modifié.
Cette expérience de terrain de 6 semaines aura lieu du 6 août au 16 septembre 2022 et sera basée à Edmonton en Alberta. Environ 120 heures de vols ont été financées par des fonds publics et les vols auront lieu dans une vaste région couvrant plusieurs provinces et territoires. Quelques vols nous mèneront également jusqu’au Nunavut. L’impact sur l’environnement, la vie sauvage et les personnes sera minimal. La plupart des vols doivent être réalisés à des altitudes de plusieurs kilomètres. Seulement dans de rares cas, des vols plus proches du sol seront nécessaires mais ils resteront à distance des zones protégées. Pour aider à la calibration de nos instruments, une poignée de petites sondes météorologiques seront lancées depuis l’avion et ne seront pas récupérées. Il s’agit du même type de sondes que celles qui sont lancées régulièrement à bord de ballons météorologiques, 60 fois par jour à travers tout le Canada, et aucun composant dangereux n’entre en jeu dans leur construction.
La campagne de recherche « CoMet 2.0 Arctic » est conduite en tant que programme scientifique ouvert au service de la communauté globale. Comme il s’agit d’un projet financé par des fonds publics, toutes les données doivent être rendues accessibles au public. A cet effet, une base de données HALO spécifique est en place pour stocker et gérer les données et diverses bases de méta-données pour la recherche en Arctique redirigeront également vers cet inventaire. Nous ferons volontiers des exposés pour le public au sujet de notre recherche et nous nous réjouissons vivement de toute contribution ou de suggestion concernant les priorités pour les collectes de données de la part des peuples autochtones ou des communautés du nord qui s’intéressent à notre recherche.